L'auberge du voyageur

[Imryss]

L'auberge est un grand bâtiment vieux et gris. Il est construit dans un style médiéval avec une base en pierre et le reste en alternance de crépis et de poutre de bois. Juste derrière l'auberge se trouve une étable. Il est situé juste sur le bord du chemin de cristal, approximativement à son milieu même si le concepte de milieu n'a pas beaucoup de valeur sur un chemin au multiples bifurcations qui se trouve entre les mondes.

Une fois la porte franchie, on arrive dans un couloir éclairé par quelques bougies et qui débouche sur une grande salle.
Celle-ci est remplie de tables et de chaises, plusieurs grand lustres en roue de carrosse y diffusent leur lumière ainsi qu'un grand feu contenu dans l'âtre de pierre à côté du comptoir. Derrière ce dernier se trouve un aubergiste aussi large que haut en train d'astiquer ses verres ou d'inspecter ses bouteilles, dans son dos une porte entrebâillée donne accès à la cuisine.
De grandes fenêtres laissent la pâle lumière de l'extérieur se diffuser dans la pièce, et un escalier mène accès une mezzanine se prolongeant sur le reste de l'étage et où se trouvent les chambres à coucher.

Les chambres à coucher sont toutes plus ou moins semblables : un lit, une table, une chaise, une cheminée, une baignoire, une fenêtre et quelques bougies.
Par contre la disposition et le style du mobilier varient d'une chambre à l'autre, de sorte qu'aucune n'est semblable à une autre.

La porte d'entrée de l'auberge ainsi que celle de l'étable son protégé par des serrures de très bonnes qualités dont seul Imryss et l'aubergiste possèdent les clés.

[Imryss]

Dans la pièce principale, seul le craquement des bûches dans l'âtre et le frottement du chiffon sur les verres propres venait rompre l'unité du silence.

Il faut dire que le bâtiment était particulièrement vide. Il y avais l'aubergiste derrière son comptoir, un voyageur en gris attablé qui ne voulais pas discuter, et Imryss dans un coin qui pensait aux évènements récents.

Le jeune homme était revenu d'un quête le matin même au cour de laquelle il avait perdu une partie de ses compagnons et appris des informations insolites sur les autres. A présent tous étaient partis, les morts comme les vivants, à ceci près que les vivants allaient revenir un jour.

Imryss ferma le livre ouvert devant lui, intitulé "les chroniques du roy", qu'il avait cessé de lire depuis plus d'une heure. Il se leva, monta l'escalier après avoir salué Tarvel et se dirigea vers sa chambre personnelle. L'un des avantages à être le propriétaire d'une auberge c'est de toujours avoir une chambre pour soit. Le défaut c'est de devoir payer de sa poche le déficit financier de l'établissement.

Dans sa chambre Imryss pris une craie et traça sur le sol un motif circulaire complexe composé de symboles entrelacé. Ces symboles ne correspondaient à aucune langue connues car ils sortaient tous de l'imaginaire du mage blanc. C'était en quelque sorte sa langue personnelle, celle qu'il utilisait pour parler avec lui et lui à l'intérieur de sa tête et qui lui permettait d'atteindre un état de conscience propre à l'usage de la magie.

Un fois son dessin terminé, il s'assit au centre dans la position du lotus et se mit à méditer. Les symboles tracés aux sol se mirent à luire très légèrement tendis que la bouche d'Imryss s'agitait sans produire de son. Au bout d'un moment une silhouette commença à se matérialiser à ses côté. Elle lui ressemblait beaucoup mais sans être tout à fait lui et elle semblait composé de brume et de lumière. Imryss hocha la tête à l'attention de cette dernière qui lui rendis son signe et disparu.

Le jeune homme de nouveau seul se releva, effaça le motif tracé au sol à l'aide d'un balais puis se mit au lit. Il faisait toujours nuit sur le chemin de cristal car il ne s'agissait pas d'un monde et il n'avait pas de soleil. Pour le cycle biologique d'Imryss, on était encore dans l'après-midi mais le jeune homme avait décidé de s'accorder une petite sieste.

[Apeiron]

Faubourgs de Terfoir, le cimetière

Le calme planait dans la salle principale de l'auberge comme une feuille dérivant paresseusement dans une brise légère. L'aubergiste, qui astiquait un verre propre, ne leva pas un soucil quand Apeiron fit une irruption joyeuse par la porte d'entrée.

Bonjour, Tarvel... ou plutôt bonsoir puisque de ton point de vue nous nous sommes vus ce matin si je compte bien.

Apeiron s'approcha du comptoir et ouvrit sa bourse toute neuve.

Donc une chambre et deux repas s'il te plaît. Je te laisse te servir. Imryss est à l'étage ?

Cela ne s'était pas vu à l'extérieur ou dans la pièce surchauffée et douillette de l'orfèvre, mais ici il semblait clair qu'une aura froide quoique subtile entourait Apeiron. Avant de répondre, l'aubergiste alla mettre une buche supplémentaire sur le feu.

[Nimeroni]

Nimeroni avais suivi le groupe silencieusement pendant tout ce temps. Elle prit enfin la parole face a l'aubergiste:

Une chambre de plus. Je promet qu'il n'y aura aucune Ombre cette fois-ci, ni que je n'embarquerais vos clients dans une quête suicidaire.

[Imryss]

L'aubergiste pris quelques pièces dans la bourse et commença à préparer deux assiettes. En même temps il esquissa un sourire.

Bonsoir Maitre Apeiron, Dame Xiia, jeune homme. Je vois que vous avez décidé d'utiliser la porte cette-fois. Imryss s'est retiré dans sa chambre il y a quelques heures.
Pour ce qui est d'embarquer les clients, tant qu'ils ont payé vous faites ce que vous voulez, mais je suis heureux que vous restiez un peu réchauffer la salle.

Après un bref clin d'oeil, l'homme bourru disparu dans la cuisine d'où émanait une odeur plus qu'appétissante.
Pendant que Derich et Xiia prenaient place à une table, Apeiron grimpa gaiment l'escalier et s'apprêtait à faire chanter une porte quand celle-si s'ouvrit.

J'ai senti ton arrivée.

Imryss gratifia Apeiron d'un sourire complice. Tout en parlant les deux compères redescendaient dans la salle commune. Le propriétaire de l'auberge n'avait pas changé, débarrassée de ses doublures chaudes, son ample vêtement vert masquait légèrement les lignes de son corps. Ses cheveux blancs encore plus en bataille qu'à l'ordinaire indiquaient clairement que le mage sortait des bras de Morphée. Il semblait d'ailleurs encore légèrement fatigué. Son aura magique calme et posée était pour le moment relativement réduite, elle ne rayonnait pas comme à son habitude.

Vous avez fait relativement vite de mon point de vue, on peut dire que cette journée est particulièrement chargée pour moi. Je vois que vous êtes là aussi Nimeroni, vous avez donc bien quitté votre Ordre?

Avisant de l'inconnu, Imryss lui adressa un signe de tête.

Enchanté monsieur, à qui ai-je l'honneur?

[derich]

Ces quelques moments intenses laissaient Derich plus que songeur. Plusieurs questions lui tailladaient l'esprit, et il brûlait de pouvoir les explorer dès qu'il en aura l'occasion.

Tout d'abord, pourquoi Apeiron est retourné au cimetière avant d'effectuer le transfert? Derich suspectait que certains lieux particuliers étaient plus propice au voyage (probablement à cause d'un affaiblissement local du tissu de la réalité). Ou alors Apeiron voulait juste un coin tranquille où ils pouvaient disparaitre sans attirer l'attention.

Ensuite, ce monde avait l'air assez... différent de tout ce que Derich avait connu jusqu'à là. Il se demandait de quelle matière était constitué les arbres qu'il a entraperçu en arrivant, quel est ce chemin qui semblait partir vers l'horizon dans les deux directions...

Cependant, une autre pensée le rattrapa: que va-t-il faire pour ses affaires? Certes, les (nombreuses) affaires qu'il avait laissé à Terfoir étaient en sécurité, et n'attendaient que son retour, mais son sac est actuellement à moitié vide, sans compter le matériel partiel de photographie qui lui restait de cet après-midi. Plus grave: il n'avait qu'une petite partie de son or sur lui (la majorité de ses économies étant resté chez lui, cachées sous une latte dans son atelier). Il craignait donc manquer de fonds d'ici un jour ou deux, surtout s'il devait loger dans une auberge...

Après le court échange entre l'aubergiste et Apeiron, alors que ce dernier allait retrouver un de ses amis, un dénommé Imryss, Derich remarqua que Apeiron semblait considérer que le temps s'écoule de manière différente entre les mondes. Certes, il avait remarqué un phénomène similaire, au cours de ses lectures d'histoire de voyageurs à la bibliothèque de l'université, mais il avait attribué cela à une prise de liberté du narrateur, qui s'arrangeait toujours que les protagonistes arrivent au dernier moment pour éviter une catastrophe certaine. Il était étonné que cela était un fait avéré, et se demandait s'il était possible de mesurer, voire calculer précisément de tels écarts de temporalité...

Il mis fin à ce tourbillon de raisonnement, et conclu qu'il avait en effet beaucoup à apprendre ("et c'est tant mieux...", pensa-t-il intérieurement). Il dit à l'aubergiste, juste après Nimeroni:
Et encore une autre chambre pour moi, s'il vous plait...


Quelques instants plus tard, Apeiron redescendit en compagnie d'un homme aux cheveux argentée, ayant l'air de s'être à peine réveillé. Après un échange bref avec Nimeroni, cet inconnu, qui devait être sûrement Imryss, se tourna vers lui pour le saluer et lui demanda de se présenter. Derich répondit prestement, légèrement intimidé par la présence écrasante de mages dans la salle:
Je me nomme Derich et je viens du monde d'Andur. Je suis mécanicien de mon état, avec une formation récente dans l'horlogerie, et touche-à-tout à mes heures perdues...
Un peu plus tôt dans la journée, j'ai accompagné vos amis pendant un bout de chemin, et, en retour, votre ami Apeiron m'a invité à partir avec lui... Et me voilà donc devant vous...

Puis, il enchaîna:
Et réciproquement, à qui ai-je l'honneur?

[Apeiron]

Apeiron rendit son sourire à Imryss. Après avoir descendu l'escalier et sans avoir l'air de se soucier de la présence de Derich juste en face de lui, Apeiron dit à Imryss :

J'ai "rêvé" de Derich dans le temple, donc en le croisant inopinément à Andur j'ai décidé de le ramener.

Puis il s'assit à une table près du feu et s'adressa à Derich :

Mon cher, surtout ne vous inquiétez pas. Imryss est un vieil ami et Nimeroni nous a rejoints il y a peu, alors que d'autres compagnons sont... partis. Nous sommes actuellement dans une sorte de croisée des mondes qui peut être dangereuse vu la dégradation du Réseau, mais dans l'auberge nous sommes en sécurité. N'hésitez surtout pas à poser vos questions.

[Imryss]

Imryss salua Derich d'une révérence un peu sur joué qui lui donnait un aspect humoristique.

Comme Apeiron l'a dit, je m'appel Imryss, Imryss Asturielle. Je suis le modeste propriétaire de cet établissement. Soyez le bienvenu sur le chemin de cristal. Vous êtes ici sur une des routes que les anciens ont créés pour relier les univers. on peut donc dire que vous êtes dans un entre-monde.

Tout en parlant, le mage blanc s'était approché du groupe et, avisant une chaise, s'assit à leur table.

Tarvel met-moi une assiette aussi s'il te plait!

Bon Derich si je comprend bien, vous êtes plus ou moins parti de votre monde sur un coup de tête en croisant Apeiron? c'est assez audacieux de votre part. Pratiquez-vous la magie ou pas du tout?

Sur ces mots, Tarvel arriva avec une assiette pour Apeiron ainsi qu'une pour Imryss et leur souhaita un bon appétit. Le plat était un ragout composé de nombreux légumes verts plus ou moins identifiable avec quelques morceaux de viande, beaucoup d'herbe et un morceau de pain. L'ensemble dégageai un fumet plutôt agréable mais un peu "collant".

[derich]

Le fumet rappela à Derich qu'il avait faim (notamment à cause de "l'accident" chez Asther), et, faisant rapidement le compte des assiettes, Derich demanda à l'aubergiste qui repartait:
Et une dernière assiette pour moi, s'il vous plait.

Alors que Tarvel alla chercher une dernière assiette pour le dernier convive, Derich repris le fil de la conversation et répondit à Imryss:
En effet, je suis plus ou moins parti d'un coup de tête. Cependant, j'avais déjà prévu de quitter Terfoir d'ici deux, trois jours et j'avais commencé à mettre mes affaires en ordre. C'est juste que... mon départ a été précipité de manière inattendue.

Tarvel revint avec la dernière assiette de ragout et la posa devant Derich. Il ramena également des grandes cuillères et des serviettes, repartit derrière son bar et continua à astiquer ses verres, en chasse des rares grains de poussières qui auraient pu s'y glisser.
Ensuite vous m'avez demandé si je pratiquais la magie? La réponse est, hélas, pas du tout, même si j'ai essayé pendant quelques temps de suivre vaguement des cours d'initiation à l'université. Cependant, je ne suis jamais arrivé à lancer le moindre sort, même le plus basique. J'imagine que je ne suis simplement pas fait pour être magicien...

Cependant, j'ai découvert la magie des sceaux et j'en connais les bases de leur conception. C'est à dire, je peux les tracer, voire les graver, mais je suis incapable d'activer mes créations: je suis donc forcé de faire appel à un magicien pour alimenter le tout... Cependant, je me suis vite retrouvé impuissant dans les cas plus complexes, où la magie joue un rôle dans la conception du sceau. Du coup, je me suis cantonné aux bases, et j'ai essayé de voir jusqu'à où on pouvait aller (sous réserve d'avoir suffisamment de place pour tout tracer, bien sûr) avec de telles restrictions.

Bref, je crains que vous êtes tout les trois infiniment plus au point sur le sujet.

Derich se saisit alors de sa cuillère.
Et, à part pouvoir voyager entre les mondes, que savez-vous faire exactement, si ce n'est pas indiscret? Mais avant tout, bon appétit!

Et, ne pouvant plus tenir,il commença à s'attaquer vaillamment à son repas, tout en prêtant une oreille attentive aux propos de ses compagnons.

[Nimeroni]

Assise a la table de l'inventeur touche-à-tout, Nimeroni avais écoutée songeusement les propos de ce dernier. En fait, son regard était vide et ses pupilles dilatées... un signe discret (mais néanmoins visible pour un oeil attentif) de l'utilisation de ses pouvoirs.

L'aura obscure de Nimeroni trahissait également l'utilisation de la magie de la jeune femme, et ce depuis le début du récit du voyageur. Une sombre aura entourais la tête de Derich comme la caresse d'un diadème.


Nimeroni répondit tranquillement a la question:
Je suis une prêtresse de l'Ombre. Je suis effectivement une lanceuse de sorts, mais je préfère être discrète au sujet de ma magie.
Elle ajouta avant que Derich n'ai eu le temps de répondre Tarvel est un bon cuisinier.

[Imryss]

Alors qu'il s'apprêtait a avaler la première boucher de son ragout, Imryss s'arrêta, reposa sa cuillère et dévoila un grand sourire.

Mais cher ami qu'est-ce qui vous fait croire que je capable de voyager entre les mondes? Sur quel critère vous fiez-vous pour me cataloguer en tant que magicien? Et si j'étais un simple propriétaire terrien?

Tout en déclarant sa phrase, le mage blanc à peine honnête s'était penché par dessus la table et avait posé son index gauche sur le front de Derich pour le mettre mal à l'aise. Par la même occasion et à l'insu du pauvre mécanicien, Imryss appliqua une légère pression magique faiblement perceptibles, à la suite de quoi l'aura sombre qui encerclait la tête de Derich se craquela et se dissipa.

Imryss se rassit avec un sourire satisfait en avala une grande bouché de ragout. Il déclara avec beaucoup de classe :

Ch'est bon mais ch'est chaud.

[Nimeroni]

Le regard de Nimeroni redevint normal tandis que le sort prenait fin. La prêtresse jeta un regard perçant au facétieux mage blanc, regard dans lequel on pouvait lire de la surprise.

Elle reporta ensuite son attention sur Derich.

[derich]

Derich cligna des yeux plusieurs fois, frotta son front pour voir si on lui avait mis quelque chose par facétie. Ne trouvant rien, il tenta de se ressaisir, avec un sourire un peu forcé...
Si vous pouvez éviter de refaire ça à l'avenir sans demander... Ou au moins, prévenez un peu avant...

Derich qui n'avait rien remarqué du manège entre Nimeroni et Imryss, continua son repas pendant quelques secondes, tout en jetant de temps en temps des coups d'œil inquiets en direction de Nimeroni... Puis, pour briser le lourd silence qui pesait, il se tourna à Apeiron et demanda:
Au fait, qu'es-ce que vous voulez dire exactement par "j'ai rêvé de vous"? Es-ce là de la divination?

[Apeiron]

Apeiron avait commencé à manger sans faire de remarque sur les agissements de ses compagnons, et se contenta d'un léger sourire quand Imryss dissipa la tentative de lecture mentale de Nimeroni. Puis il sourit plus franchement quand il vit l'inventeur chercher l'origine de la "plaisanterie" avant de lui répondre :

En quelque sorte, oui. C'est plutôt que je voyage beaucoup, parfois en des endroits où le rêve et la réalité se confondent. C'est dans ces endroits qu'il est possible de voir des échos de liens qui ne se sont pas encore créés. Mais d'un autre côté, il est possible que sans ce "rêve" je ne vous remarque pas et donc que ce lien n'existe pas. Vous pouvez voir ça comme une sorte de prophétie auto-accomplissante.

Apeiron regarda l'inventeur dans les yeux et son regard se refroidit lorsqu'il demanda :

Et si vous nous parliez de votre anneau ?

[derich]

Derich faillit s'étouffer sur le choc... Après avoir réussi tant bien que mal à tout avaler, Derich jeta un regard méfiant à Nimeroni, se demanda si elle était à l'origine de la question d'Apeiron, ou si Apeiron lui-même l'avait remarqué. Il se reprit et murmura:
Schtralock... J'aurais préféré éviter ce sujet, mais apparemment on ne peut rien vous cacher... Mais bon, soit...

Il posa sa cuillère, et sorti prudemment l'objet en question de la poche de son veston entre son pouce et son index droit, afin de le montrer à tous...

L'anneau était d'une forme irrégulière et semblait être rugueux à l'extérieur, tandis que l'intérieur était parfaitement lisse et circulaire. L'intérieur semblait être fait en laiton, et de fines inscriptions ésotériques recouvrait presque entièrement sa surface, néanmoins sans porter atteinte à sa beauté. Au contraire, l'extérieur était constitué d'une sorte de gaine en cuivre qui enserrait l'anneau, avec des motifs taillés grossièrement et s'imbriquant de manière compliqué tout autour de l'anneau. Le tout avait un aspect "bricolé" assez unique.

Derich poussa un léger soupir, et entama ses explications:
Je l'ai eu d'un ami mage, nommé Albrecht, il y a environ une semaine. Sa fonction principale est de produire un champ anti-magique autour du doigt porteur. Le diamètre du champs est d'environ 1 mètre de diamètre et ce champs s'active seulement quand l'anneau est porté...

Albrecht était au courant des... inconvénients de voyager avec des objets technologiques ou des produits instable: dès qu'ils rentrent en contact avec un sort qui perturbe un peu trop la réalité, les machines se détractent, les produits deviennent instables. Hélas, j'ai appris que, avec un peu de malchance, les deux ont tendance à exploser...

Derich leva au même moment, son autre main, montrant la brûlure cicatrisée qui recouvrait une belle portion de sa paume. Puis, il referma sa main, et la posa tranquillement devant lui, de telle manière qu'il puisse mettre rapidement l'anneau si jamais les choses dégénéreraient...
Cependant, son utilisation entraîne des inconvénients, sans quoi je le porterais en permanence.

D'abord, afin de générer le champ anti-magique, l'anneau puise dans les sources d'énergie les plus proches... c'est à dire, en grosse partie, son porteur. D'après Albrecht, l'énergie nécessaire au maintient du champs est proportionnel à la puissance du sort annulé. Ainsi, si je cherchais à annuler un sort trop puissant, mon énergie serait aspiré d'un coup par l'anneau, et, dans le meilleur des cas, je tomberais dans le coma...

Mais il y a un autre souci qui m'empêche en ce moment même de l'enfiler: le champ anti-magique généré annule localement tous les sorts entrant dans son périmètre, sans distinction. Du coup, à cause des protections magiques que vous aviez mentionné, qui doivent être assez solides, si je mettais l'anneau maintenant, je ne bénéficierais plus de cette protection, et je risquerais de perdre une trop grosse quantité d'énergie...

Derich s'interrompit un moment, cherchant à retrouver les explications d'Albrecht dans sa mémoire, puis reprit:
Autre chose: Albrecht m'a également parlé d'une propriété passive de l'anneau: même s'il n'est pas enfilé, l'anneau stabilise ses alentours directs. D'après lui, ce serait plutôt utile dans certains mondes assez instable, mais je ne me suis pas encore penché sur le sujet, donc j'ignore de quelle manière...

Ayant terminé ses longues explications, Derich s'arrêta de parler, et observa les réactions de ses trois voisins. Puis, il commença à remettre son anneau dans la poche de son veston...

[Apeiron]

Apeiron tendit la main dans la direction des condiments et fit un geste d'escamoteur avant que Derich ne s'aperçoive que la salière ne rentrait pas dans la petite poche du veston. Il lança un regard horrifié à Apeiron qui faisait tournoyer l'anneau entre ses doigts... Le magicien avait un sourire étrange quoique discret, et une bonne vingtaine de secondes passa avant qu'Apeiron ne semble se préoccuper des palpitations des Derich et ne lui lance l'anneau d'un geste élégant.

Faire disparaître une ville ne fait pas disparaître ses créations, c'est évident...

C'était presque un murmure dit avec un sérieux presque douloureux, et juste après il enchaîna en ayant repris sa bonne humeur habituelle.

C'est un très bel objet que vous avez là, Derich.

[derich]

Derich ne s'attendait pas à ce qu'Apeiron rende aussi facilement son anneau, mais réussit à rattraper l'anneau avant qu'il ne tombe. Puisant dans ses réserves de patience et de self-contrôle (qui étaient particulièrement malmenée), il inspira un grand coup et répondit d'une voix calme, mais dans laquelle on pouvait sentir sa tension:
En effet, il est très pratique, et dangereux à la fois...

Puis, ayant eu son compte de doigt son le front, de potentielles lectures dans les pensées et d'escamotages pour la soirée, il rangea tranquillement son anneau dans sa poche (sans quitter des yeux la salière cette fois-ci) et entrepris de terminer son repas.

[Imryss]

Imryss laissa échapper un soupir de satisfaction en savourant son repas.

Allons chers amis du calme, nous allons mettre notre invité mal à l'aise.

Derich c'est un objet très précieux que vous avez là. Les objets magiques sont rares et généralement puissant. Certains sont vieux de plusieurs siècles, même si cela varie d'un monde à l'autre. Votre ami magicien devrait vraiment vous accorder une grande confiance, ou alors il ne réalisait pas bien l'importance de ce qu'il vous a donné. Toutefois d'après ce que vous nous avez dit, j'en doute.

Quels seraient vos projets pour l'avenir maintenant?

[derich]

Derich finit d'engloutir les quelques bouts de viandes qui parsemait le fond de son assiette, et répondit à Imryss:
A vrai dire, je suis à la recherche d'informations concernant un certain monde, appelé Sinret. J'imagine que vous n'en aviez pas entendu parlé...

Devant le mutisme de ses compagnons, Derich soupira et reprit:
Apparemment non...

Bref, il y a quelques temps à la bibliothèque de l'université, je suis tombé sur une note manuscrite, dans un vieux document, qui décrivait ce monde. Il s'agit d'un monde technologique, extrêmement avancé dans tout ce qui concerne la mécanique, la thermodynamique, la chimie. De plus, d'après ce même documents, on y trouve d'étranges matériaux qui n'existent pas dans d'autres mondes, ouvrant des possibilités incroyables en matière de bricolage, et autre...

Après avoir découvert l'existence de ce monde, je me suis appliqué à parcourir les archives de l'université de magie de Terfoir, à la recherche d'une description plus détaillée de ce monde, voire d'un récit de voyageurs. Hélas, je n'ai rien trouvé de tel le concernant.
Comme il y a une sorte de "partenariat" entre les différentes bibliothèque des universités d'Andur, et que les copies magiques sont courantes, j'en ai déduit qu'il y avait très peu de chances pour que je trouve plus d'informations dans ce monde. Je comptais essayer tout de même quelques autres bibliothèques, juste au cas où...

Quand vous êtes littéralement apparu dans le cimetière, j'ai sauté sur l'occasion. Du coup, je compte fureter dans les bibliothèques du multivers, à la recherche d'une trace de ce monde, et, au meilleur des cas, sa localisation. En pratique, comme je ne peux pas voyager par moi-même, je comptais vous accompagner dans vos voyages (si vous n'y voyez pas d'inconvénients, bien entendu), et m'arrêter de temps à autre dès que je tombe sur une source d'informations assez intéressante.

De plus, le multivers abrite des choses très intéressantes, donc, en vous accompagnant, ce serait l'occasion de pouvoir les étudier...

Il conclut sur un grand sourire, posa sa cuillère et attendit poliment la fin du repas.

[Imryss]

Imryss se laissa aller à un petit soupir de satisfaction en terminant son assiette.

Ah encore un curieux. C'est une bonne chose. Cela me fait penser que un peu plus loin sur le chemin, il y a les ruines d'un château du Roy-Corbeau. Traditionnellement ce type de bâtiment contenait toujours une petite bibliothèque. avec des ouvrages issu de l'héritage des anciens. Je suppose qu'elle doit toujours s'y trouver même si le château n'est plus protéger par le sortilège qui baigne le chemin et l'auberge. Sinon à une des extrémités de la route vous pouvez trouver le monde d'Angalia, leur bibliothèque nationale y est assez riche. Peut-être devriez-vous commencer votre quête d'information par là.

Toutefois le monde que vous me décrivez, avec des matériaux qui n'existent pas dans la plupart des autres mondes, peut-être soit très stable soit fort peu stable. Dans les deux cas il sera difficile de trouver des informations dessus car peu de personnes vont dans ces mondes.

[derich]

Derich acquiesça pendant la dernière remarque d'Imryss et reprit:
En effet, et c'est justement là le problème...

Au sujet des bibliothèques, l'une ou l'autre me semble être un bon point de départ. Après, il serait suicidaire pour ma part de voyager seul, donc quelque soit l'endroit où vous vous rendez, je m'adapterai à vos choix et me contenterai de vous suivre...

Sentant une vague de fatigue s'approcher, probablement due au repas qu'il venait d'engloutir, Derich continua:
Il commence à se faire tard et je commence à fatiguer. Du coup, peut-être serait-il mieux de reporter cette discussion à demain matin...

[Apeiron]

Apeiron s'était contenté de lever un soucil à la mention d'une bibliothèque des Anciens, et sinon semblait plutôt réfléchir.

Et bien soit, partons donc au Château du Roy dès demain matin. Je vous souhaite le bonsoir.

Il se leva prestement et monta l'étage comme un habitué des lieux. Après son départ il sembla, mais peut-être était-ce l'effet d'un bon repas, que la température de la salle remontait.

[derich]

Et bien, l'affaire semble être réglée. Nous nous verrons donc demain. Bonne soirée Imryss, Nimeroni.

Sur ces mots, Derich se leva à son tour, ramassa son sac et alla déposer son assiette et celle d'Apeiron au comptoir où se tenait Tarvel. Puis, après lui avoir murmuré quelques mots, auxquels Tarvel acquiesça, ce dernier monta à l'étage pour lui indiquer sa chambre, laissant seuls Imryss et Nimeroni dans la pièce...

Une fois parvenu dans sa chambre, et après avoir remercié Tarvel, Derich s'assit sur son lit, et commença à faire l'inventaire de son sac, tentant de faire le tri entre ce qui pourrait lui être utile et ce qui le chargeait inutilement... Ayant dégagé la majeure partie de son équipement photographique, Derich finit par entasser tout ça dans un coin de la pièce, et s'effondra sur son lit, tombant dans un sommeil profond...

[Imryss]

Imryss acquiesça en silence. Il se leva pour ramener son écuelle à Tarvel puis alla verrouiller la porte de l'auberge pour la nuit.

Lorsque ce fut fait, Imryss salua tout le monde de la main et parti dans sa chambre personnelle. Une fois au clame il pris quelques instant pour se détendre avant de dormir. Assis en position du lotus devant son lit, il se plongeait dans une méditation exploratrice où il laissait sa curiosité observer les auras présentes à proximité.

Quand il eu terminé, il passa un vêtement de nuit et s'endormit comme une pierre.

[Apeiron]

Seul l'aubergiste savait qu'Apeiron louait sa chambre pour faire comme tout le monde, et ne comptait plus les fois où Apeiron y passait une nuit et repartait le lendemain sans que rien ne soit dérangé dans la pièce, comme si le magicien n'avait pas besoin de dormir. Mais ce n'était pas le cas cette fois-ci. Apeiron s'était senti très las et avait décidé de s'allonger tout habillé conformément à son humeur, avant de s'endormir, à sa plus grande surprise.

Il voyait sa cité en flamme, il se rappelait les gens qui criaient, l'odeur du papier qui brûlait. Il se rappelait le moment où il y était revenu pour la dernière fois, pour l'engloutir dans les ombres, en faisant passer son peuple au statut de légende. Son rêve était étrange, il était seul alors qu'il se rappelait très bien qu'ils étaient plusieurs à l'époque, et que seul l'un d'eux était resté se sacrifier pour les autres. Mais dans son rêve c'était lui qui était là, et qui accomplissait le rituel avec pour seul bruit de fond les épées qui se plantaient dans les corps et les torches qui brûlaient le savoir patiemment amassé. Ses doigts se déplaçaient presque seuls le long du cercle magique, il en connaissait par coeur chaque courbe, chaque rune, chaque ligne. Comme un amant qui connaîtrait sur le bout des doigts les contours de la chair si désirée.

Un bruit de fer-blanc, ainsi qu'une odeur de rouge. Le dessin scintillait dans ses doigts d'un éclat fantomatique, et en levant la tête il s'aperçut qu'il était dans le Château du monde de Luin's. Le dernier rempart d'un monde condamné, contre lequel se pressait la furie d'une nuée d'ombres, rendue désespérées et folles, et il savait pourquoi. Il savait d'où elles venaient, il l'avait su dès qu'il était revenu dans la vie, ce lieu où les gens mourraient. C'était sa faute, le péché qu'il expiait en silence, derrière son sourire usé. La salle de bal était vide, il n'y avait que lui et son cercle, immense, semblant remplir toute son existence. Il se rappela fugitivement qu'il y avait eu d'autres personnes dans la pièce, mais il était seul. Il avait toujours été seul. Un bruit sourd heurtait la porte, qui commençait à céder. Le cercle n'était pas fini. La porte explosa, alors que le cercle n'était pas fini. Des ténèbres immenses se ruèrent dans la salle et dévorèrent tout, le dévorèrent en un instant. Mais où s'était-il trompé ?

Il ouvrit les yeux, sans savoir pendant un moment où il était. Cela ne lui était pas arrivé depuis des années, des siècles... Il fixa le plafond et sentit le champ entourant l'auberge, comme une note légère qui résonnait à la périphérie de sa conscience. Dans la pénombre et le silence qui baignait la chambre, il murmura pour lui-même :

J'ai un problème.

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